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Les syndicats vent debout contre l’accord avec le Mercosur

La Fédération nationale bovine (FNB) demande au chef de l’Etat de s’opposer publiquement à l’accord avec le Mercosur.

Les syndicats agricoles et le collectif Stop Ceta Mercosur ne décolèrent pas. La Commission européenne a lancé le processus de ratification de l’accord avec les pays du Mercosur. Et même assorti de clauses de sauvegarde, l’accord ne satisfait pas.

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Après l’annonce par la Commission européenne du lancement du processus de ratification de l’accord commercial avec les pays du Mercosur, les syndicats et le collectif Stop Ceta-Mersocur y sont fermement opposés.

Avec cet accord, « la Commission européenne tourne clairement le dos à son agriculture », tempêtent la FNSEA et JA dans un communiqué du 3 septembre 2025. Les deux syndicats « réaffirment avec force leur opposition à cet accord ». Ils reprochent un manque de cohérence de la Commission européenne qui, « d’un côté, impose aux agriculteurs européens des normes parmi les plus strictes au monde et, de l’autre, ouvre nos marchés à des produits importés qui n’y répondent pas ».

Saisine de la Cour de justice de l’Union européenne

« Les clauses de sauvegarde sont inopérantes », poursuivent-ils. Ils dénoncent un dispositif « qui ne protège en rien nos marchés et nos productions » et « ne permet ni réactivité, ni efficacité en cas d’afflux massif de produits importés, à des prix déconnectés des réalités de production européennes ». Ils appellent le président de la République à assumer ses responsabilités et à « honorer sa parole » mais aussi les eurodéputés à rejeter le texte et les citoyens à se mobiliser.

Certains eurodéputés sont déjà en ordre de bataille. Le député européen Pascal Canfin (groupe Renew) et la délégation française du groupe S & D ont annoncé le 3 septembre vouloir saisir la Cour de justice de l’Union européenne, avec « un collectif transnational et transpartisan d’eurodéputés ».

« Un écran de fumée » pour plusieurs filières

Pour plusieurs interprofessions, les clauses de sauvegarde ne sont qu’un « écran de fumée ». « Trop lentes à activer, juridiquement complexes et limitées dans le temps, elles ne font que constater les préjudices une fois qu’il est trop tard », estiment Interbev, Anvol, Aibs, Intercérales et Bioéthanol France (syndicat) dans un communiqué commun du 4 septembre.

« Les promesses de compensation via la Pac ne font qu’entériner l’existence de préjudices irréparables », déclarent-elles tout en calculant le coût économique de l’accord. « Les contingents supplémentaires prévus représentent déjà une valeur exposée d’au moins 2,87 milliards d’euros pour la viande bovine, la volaille et le maïs, visant en priorité les produits à forte valeur ajoutée. Pour la filière du sucre-éthanol, ce sont 190 000 tonnes de sucre — l’équivalent d’une sucrerie française — et 8,2 millions d’hectolitres d’éthanol, soit 12 % de la production européenne (ou l’équivalent de la production française à partir de betterave) qui seront fragilisés. »

Inquiétudes pour le bœuf et la betterave

De son côté, la Fédération nationale bovine (FNB) s’interroge sur la position de la France et demande au chef de l’État de s’opposer publiquement à l’accord. « Peut-on vraiment imaginer que cette décision [NDLR : de scinder l’accord en deux, en isolant la partie commerciale] ait été prise sans l’aval des principaux pays européens, et notamment celui de la France, qui symbolise sur le papier, l’opposition à cet accord ? », questionne la FNB.

Le syndicat des betteraviers français (CGB) dénonce le choix de la Commission européenne d’autoriser les importations de produits issus de canne à sucre cultivée en utilisant des produits phytosanitaires interdits en Europe. (©  Benoît Devault/GFA)

Du côté des betteraviers, c’est la douche froide. Le syndicat des betteraviers français (CGB) dénonce le choix de la Commission européenne « d’autoriser les importations de produits issus de canne à sucre cultivée en utilisant des produits phytosanitaires interdits en Europe — notamment imidaclopride et thiaméthoxame ».

Inacceptable pour la Coordination rurale

« Tout ça est inacceptable » s’insurge la présidente de la Coordination rurale, Véronique Le Floc’h, sur X, qui ne croit pas à l’activation des clauses de sauvegarde. Christian Convers, secrétaire général du syndicat, a dénoncé sur RMC BFMTV le 4 septembre « une trahison programmée », « cela ne va pas renforcer le lien de confiance que les agriculteurs ont avec le gouvernement ».

Le syndicat demande au gouvernement de se positionner. « La France a encore les moyens, il y a un moment où il faut faire preuve de courage, la France est encore un large contributeur au budget européen. Elle peut dire si c’est comme ça, on arrête notre contribution au marché de l’Europe », estime Christian Convers.

Un « passage en force »

C’est « un passage en force de l’exécutif européen », dénonce le Collectif Stop Ceta Mercosur (1) dans un communiqué du 3 septembre. Le collectif se dit consterné car Emmanuel Macron s’était engagé à plusieurs reprises « à tout faire » pour que cet accord « ne suive pas son chemin » et « jamais les moyens diplomatiques adéquats n’ont été mobilisés par Paris pour constituer une minorité de blocage ».

Le collectif reste mobilisé pour empêcher cet accord, qu’il qualifie de « nocif pour le monde agricole mais aussi sur les plans écologiques, sociaux et du respect des droits des populations ». Le collectif Stop Ceta Mercosur participera, avec plusieurs autres organisations, à une mobilisation ce 4 septembre à Bruxelles devant le Parlement européen.

La Confédération paysanne, qui fait partie du collectif, participera à cette manifestation. « Nous nous sommes toujours opposés aux accords de libre-échange qui mettent en concurrence les paysans des différents pays », a précisé Stéphane Galais, porte-parole du syndicat, lors de la conférence de rentrée du syndicat le 3 septembre. « On appelle l’État français à être plus clair sur son opposition et qu’il œuvre à une minorité de blocage. L’accord de Mercosur, c’est un vrai suicide pour l’agriculture française », a déploré l’éleveur.

(1) Le collectif Stop Ceta Mercosur regroupe notamment : ActionAid France, Aitec, Amis de la Terre France, Attac France, la Confédération paysanne, CGT, Greenpeace France, Fédération Artisans du Monde, Fondation Copernic, FoodWatch, FNE, FSU, Solidaires.

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